Jean-Dominique Mercher, spécialiste reconnu des questions militaires, tient un blog qui fait référence, Secret défense. Le journaliste s’est fait connaître par ses avis bien informés dans les pages du quotidien Libération; il travaille désormais pour le magazine Marianne. Ce natif de Besançon connaît parfaitement la Suisse: son armée, son contexte politique et ses institutions. Jean-Dominique Merchet analyse les trois avions qui sont en lice en Suisse pour remplacer le F-5 Tiger. Notamment à travers leur engagement lors de l’opération Harmattan de l’OTAN au-dessus de la Libye. Mieux qu’une évaluation, une épreuve du feu pour le Rafale, le Gripen et l’Eurofighter. Le Rafale de Dassault: « excellent mais fragile» Jean-Dominique Merchet: Il a été excellent. Il a rempli toutes les missions pour lesquelles il a été conçu. Il a fait de la chasse, de la reconnaissance, de l’attaque au sol et du bombardement stratégique. Le Rafale a opéré aussi bien depuis la terre que la mer. Pas de perte. Pas de pannes. Enthousiasme très fort des militaires qui ont opéré avec le système Rafale. Il a eu certes beaucoup d’heures de maintenance comme avec tous les avions modernes de cette génération, qui sont fragiles comme des F1. Mais au moins on gagne les courses. Gripen de Saab: «Léger, moins performant» Jean-Dominique Merchet : Il n’a été engagé que pour des missions de reconnaissance. Le Gripen suédois n’a pris part à aucune attaque. Mais c’était le cadre pour son engagement prévu par l’OTAN et permis par le parlement suédois. Qu’aurait-il pu faire ? Les Suédois sont des gens sérieux en matière de sécurité. Sauf que le Gripen n’est pas un avion de la même catégorie que le Rafale. Plus léger, moins performant : il est aussi moins cher. Eurofighter d’EADS: « Un pur chasseur non polyvalent» Jean-Dominique Merchet : C’est un pur chasseur. Un intercepteur conçu pendant la Guerre froide pour aller contrer les chasseurs et les bombardiers soviétiques. Cela fait 10 ans que les Britanniques essaient de le faire évoluer. En Libye, la plupart de leurs attaques au sol ont été laissés au soin des Tornado. D’ailleurs, ils ont mené leurs missions en tandem : un Tornado accompagné d’un Eurofighter. Il n’est pas un avion polyvalent. Il serait très bon pour la police du ciel, mais pas pour le reste. Et si vous étiez la Suisse, Jean-Dominique Merchet, que choisiriez-vous ? Jean-Dominique Merchet : Honnêtement, je suis Français. L’avion qui va faire tourner nos usines en France : le Rafale ! » Hors aspects cocardiers : le Rafale et le Gripen sont des avions conçus pour être polyvalents. Supérieur technologiquement, le Rafale a été validé par ses engagements en Libye et en Afghanistan. Dans sa catégorie, il est le seul avion comparable au F-18 américain. Le Gripen est un avion multitâche qui pourrait convenir aux ambitions de la Suisse. Sauf que les évaluations n’ont pas été bonnes, qu’il a même été jugé insuffisant pour la police du ciel. J’en ai été le premier étonné à la lecture des révélations du Matin Dimanche. « Si la mission est uniquement de faire de la police du ciel, l’Eurofighter pourrait être le plus indiqué : c’est un intercepteur. Si vraisemblablement la police du ciel est la seule mission : votre flotte de F/A-18 suffit amplement ! Retrouvez toutes les infos sur ce de baptême en L-39 en suivant le lien.