Attendre 15 jours et la fin de l’enquête préliminaire, comme le souhaite François Fillon ? Personne ne croît en cette solution, tout en confirmant la légitimité du candidat. Attendre, c’est donner au poison de la suspicion le temps de gagner l’opinion, de rendre l’échec irréversible et de s’interdire de monter un plan B dans des délais devenus trop courts. Il faut donc aller vite.
Quelles hypothèses ?
Les statuts des Républicains, pas plus que le règlement de la primaire, n’envisagent le scénario de la défaillance, pour quelque raison que ce soit, d’un candidat désigné. Autrement dit, il n’est pas écrit qu’Alain Juppé serait le recours automatique. Il est même assez incompréhensible que ce cas de figure n’ait jamais été envisagé.
Même si le résultat de la primaire était caduc politiquement parlant, il serait très difficile de faire comme si quatre millions de personnes n’avaient pas choisi leur candidat préféré il y a seulement deux mois. Très difficile, donc d’imaginer une autre solution.
Quels délais ?
Il n’est pas possible, matériellement, d’organiser une nouvelle primaire avant le 23 février (dans trois semaines), date d’ouverture de la collecte des 500 signatures. Pour collecter les parrainages, la première condition est de connaître le nom du… parrainé !
Il serait possible d’organiser une consultation des seuls adhérents par Internet. Il faudrait ensuite s’accorder sur les critères des candidatures. Chacun sait que si le corps électoral est ramené aux seuls adhérents, Nicolas Sarkozy serait favorisé. On voit mal les concurrents de la primaire se remettre en piste…
Il est possible de convoquer un bureau politique exceptionnel pour que lui-même convoque un conseil national exceptionnel. Une sorte de Parlement du parti qui regroupe quelque 2000 délégués représentant les instances et les territoires. Cette instance aurait compétence pour se substituer à une seconde primaire.
Des noms !
Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’il n’était pas question de revenir. Alain Juppé, officiellement, ne se voit pas dans le rôle de la roue de secours. Mais les appels au maire de Bordeaux se font de plus en plus pressants et urgents. Laurent Wauquiez n’a rien dit, mais n’en pense pas moins. Xavier Bertrand se montre de plus en plus du côté de la rue de Vaugirard. Gérard Larcher ne sera jamais le fossoyeur de celui qu’il défend depuis le début. François Baroin, fort de ses réseaux à travers l’Association des maires de France, mais faible de son impréparation, est de plus en plus cité.
Il ne reste que trois semaines pour redonner à la droite une chance de gagner cette présidentielle… imperdable. C’est à François Fillon, et à lui seul, de décider.